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Libération

Toutes affaires cessantes, les chantiers suspendus

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Effet de la crise, 20 à 30 % des projets seraient gelés.
publié le 5 décembre 2008 à 6h51

«Apeine 30 % des ouvriers travaillent encore ici. Depuis des semaines, tous les chantiers ne font plus qu'une chose : licencier, licencier et licencier. Sans payer les derniers salaires le plus souvent.» Devant les immenses chantiers de Moskva City, le futur quartier des affaires de Moscou, Oumar l'Ouzbek, Alig le Tadjik et Robert, leur ami du nord-Caucase, ont commencé, comme le veut le discours officiel en Russie, par assurer qu'«ici, on ne sent pas la crise». Puis, ils ont fini par raconter.

Tous trois conduisent les bus antédiluviens qui tous les matins déversent les ouvriers, presque tous des immigrés d'Asie centrale ou du Caucase, invités à construire le futur Manhattan russe. A ce titre, ils mesurent bien l'étendue du drame en train de se jouer : «Depuis un mois, à peine 30 % des bus circulent encore, et parfois 5 % seulement, confie Oumar, le plus loquace. Tous les ouvriers qui en avaient les moyens sont déjà rentrés au pays. Mais comme la plupart des immigrés employés sur ces chantiers étaient illégaux, les patrons en ont souvent profité pour ne pas verser les salaires.»

Sine die. Trois grands chantiers de Moskva City ont été officiellement gelés ces dernières semaines. La tour «Rossia», dessinée par Sir Norman Foster et qui devait porter la nouvelle fierté russe jusqu'à 648 mètres de haut, restera pour les mois à venir à l'état de dalle de béton. La «tour de Moscou», censée héberger l'administration et le parlement de la ville dès 2