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Libération

«On est comme des moutons à l’abattoir»

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Chassés par la famine et le choléra, de nombreux Zimbabwéens fuient vers l’Afrique du Sud.
publié le 9 décembre 2008 à 6h51

Musina, ville sud-africaine située à la frontière du Zimbabwe, est aux premières loges pour observer la descente aux enfers du pays de Robert Mugabe. Il suffit de constater l’aspect misérable des Zimbabwéens, toujours plus nombreux à traverser clandestinement le fleuve Limpopo, qui sépare les deux pays. Dans le centre de la petite bourgade, la circulation est devenue dantesque à cause du flot incessant de Zimbabwéens venus s’approvisionner en denrées de base.

Eau potable. Près du poste de douane, les camionneurs achètent de grands jerricans pour stocker l'essence et l'eau. Même l'eau potable est devenue une denrée rare de l'autre côté du Limpopo. Depuis août, le Zimbabwe est frappé par une épidémie de choléra, qui a déjà fait près de 600 morts. Un chiffre sans doute très inférieur à la réalité : dans les zones rurales, beaucoup de centres de santé sont fermés et de nombreux malades meurent chez eux, faute de soins. «Même nos hôpitaux centraux ne fonctionnent plus», a admis le ministre de la Santé, David Parirenyatwa. Provoqué par le manque d'hygiène, le choléra peut être traité par simple réhydratation du malade. Le taux de mortalité dépasse rarement 1 %. Mais au niveau du pays, il atteint 27 % dans la province d'Harare, la capitale, et plus de 50 % dans certaines zones rurales. Avec la saison des pluies, le pire est à craindre.

A l'hôpital de Musina, 470 malades du choléra, la plupart zimbabwéens, ont été traités en deux semaines. Beaucoup sont des ouvriers agri