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Libération
EDITORIAL

Exaspération

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publié le 10 décembre 2008 à 6h51

Des jeunes qui attaquent des fourgons de police, qui brûlent des voitures, qui détruisent des magasins, que le pouvoir traite «d’anarchistes»… Ça ne vous dit rien ?

Ce qui se passe en Grèce tient de la révolte étudiante anti-CPE que nous avons connue, de la réaction à une bavure policière que nous avons connue, aussi, et de divers débordements face auxquels les pouvoirs publics choisissent l’anathème plutôt que la compréhension.

Mais la situation de la Grèce traduit un sentiment d’exaspération de la jeunesse qui va plus loin. Ces jeunes - issus de classes moyennes déclassées par la crise - se retrouvent souvent, une fois leur diplôme en poche, à postuler pour de petits jobs sous-payés. Le système éducatif grec est paupérisé, les enseignants au Smic et les universités souvent sous-équipées.

Ajoutons à cela une crise économique, qui frappe le pays depuis les ruineux JO de 2004, et des services publics délabrés, dont l’Etat se désengage,

et on a tous les éléments d’une révolte d’autant plus violente que les jeunes sont dégoûtés des petits jeux du népotisme politique local, des arrangements du bipartisme, de la corruption et, pour finir, du sentiment d’injustice face à une police matraqueuse, mal formée et mal encadrée.

On aurait tort de considérer ce qui se passe à Athènes comme un soulèvement exotique sur fond de ruines et de mer bleue. C’est en Europe que ces révoltes éclatent ; c’est de la crise qu’elles se nourrissent ; c’est du refus de la politique politicienne qu’elles s’alim