«Notre colère est devenue notre combat.» Ce slogan quelque peu hermétique résume à lui seul la tornade qui emporte toute la Grèce. Que veulent ces jeunes, parfois ces très jeunes, descendus par milliers dans les rues d’Athènes et des villes universitaires comme Thessalonique, mais aussi des cités provinciales ou îles touristiques comme Paros ou Samos? Pour expliquer ce qui se passe derrière les images de violence et de destruction qui passent en boucle sur les chaînes du monde entier, quelques jeunes Grecs, qui ne se considèrent pas comme les représentants de leur génération, racontent simplement leur vie, leurs frustrations et leurs espoirs.
Panagiotis, 16 ans
«Sûr de ne pas trouver de travail»
Il traîne son look gothique dans tous les concerts rock et rap. Son collège à Petroupolis, banlieue ouvrière d'Athènes, lui apparaît comme une voie de garage. Il ne sait pas pourquoi il étudie et se fiche de ce qu'il fera plus tard. De toute façon, il ne croit plus en rien. «En primaire, j'aimais bien l'école, mais dès le début du collège, j'ai eu l'impression de perdre mon temps. Les profs absents ne sont jamais remplacés. Les préfabriqués se dégradent. Ça fait dix ans, paraît-il, qu'on doit reconstruire. L'autre jour, une partie du plafond nous est même tombée dessus. Même si j'obtiens mon diplôme, je suis certain de ne pas trouver de travail. Mes deux grands frères, qui sont même allés à la fac, sont tous les deux au chômage. Ils sont obligés de vivre à la maison. Le plus grand,