«Nous nous battrons pour empêcher cette injustice», jure Humayun Baber Dar. Ce médecin pakistanais, directeur de l’hôpital de Muridke dans la région de Lahore, vient d’apprendre l’interdiction du Jamaat-ud-Dawa par le gouvernement pakistanais. Jeudi, Hafez Saïd, le leader de ce groupe qui se présente comme une ONG, était placé en résidence surveillée. Officiellement, l’association caritative d’obédience islamiste s’appuie sur ses 10 000 membres et sympathisants pour soulager les déshérités tout en prônant la charia. Un hôpital, des écoles, des madrasas.
Mais depuis les attentats de Bombay, le voisin indien n’a eu de cesse de désigner le Jamaat-ud-Dawa comme l’organisateur de l’attaque. Selon New Delhi et Islamabad, l’ONG dissimulerait en réalité la branche politique du Lashkar-e-Toiba, un groupe armé dissout en 2002 après qu’il avait été classé comme groupe terroriste par Washington. L’ONU vient de voter une résolution désignant le Jamaat-ud-Dawa comme un organisme soutenant le terrorisme. Et, sous la pression indienne, la police pakistanaise a opéré une série d’arrestations, décapitant l’état-major de l’ONG. Seize personnes au total, parmi lesquelles figurent d’anciens combattants du Lashkar-e-Toiba.
«Tout ce que je sais de ces hommes , explique le docteur Baber Dar, c'est qu'ils ont combattu l'Inde à l'époque de la guerre pour le Cachemire, je ne vois pas le rapport avec les attentats de Bombay. Nous sommes des boucs émissaires.» Un sentiment part