C'est un nouveau coup de boutoir contre les tabous officiels turcs sur le génocide arménien. Plus de mille intellectuels, universitaires et artistes turcs et kurdes ont signé hier, dès son jour de lancement, la pétition «Nous leur demandons pardon». (1). «Ma conscience refuse la négation et l'insensibilité vis à vis de la Grande Catastrophe qu'ont subie les Arméniens ottomans en 1915. Je refuse cette injustice, je partage les sentiments et la douleur de mes frères et sœurs arméniens et je leur demande pardon», affirme ce texte dont les quatre auteurs - Cengiz Aktar, Ali Bayramoglu, Ahmet ?nsel et Bask?n Oran - sont depuis longtemps engagés dans ce combat pour la mémoire.
Génération. Ce premier mouvement collectif des intellectuels pour la reconnaissance par l'Etat turc de la tragédie arménienne était en préparation depuis deux ans. Bien avant l'amorce de rapprochement entre Ankara et Yerevan et le voyage symbole dans la capitale arménienne, pour un match de football, du président turc, Abdullah Gül. Déjà le 21 janvier 2007 - trois jours après l'assassinat de Hrant Dink, journaliste arménien d'Istanbul et directeur de publication de l'hebdomadaire turco-arménien Agos -, plus de 200 000 personnes portant des banderoles «Nous sommes tous arméniens» avaient assisté aux funérailles de celui qui représentait la nouvelle génération de la communauté arménienne de Turquie (60 000 personnes).
«Le processus d'intégration avec l'Union européenne a permis aux