Cofondateur et ancien directeur de La Repubblica, Eugenio Scalfari évoquait dans un long article ce qu'il appelle avec humour «les cinquante-six ans de vie commune» avec Carlo Caracciolo. Extraits.
«Nous étions à peine plus que des gamins quand nous nous sommes connus. C'était à Milan dans sa maison de via San Damiano. Il était éditeur de revues techniques et moi je venais d'être licencié de la Banca Nazionale del Lavoro à cause d'articles irrévérencieux publiés dans Il Mondo. Carlo cherchait un directeur pour sa revue Rivoluzione Industrialeet pensait que j'étais adapté à cette tâche mais je refusais. Il avait 27 ans et moi j'avais une année et quelques mois de plus. […] En général, quand je parle d'une personne disparue je cherche à raconter ce que je sais de lui en évitant ce vice aussi fréquent qu'intolérable de se raconter soi-même, mais là c'est impossible tant nos deux existences s'entremêlent et que réellement une partie de ma vie s'en va avec lui.»
[En octobre 1955 commence pour Caracciolo et Scalfari l'aventure de l'hedmomadaire L'Espresso, lancé avec l'industriel Adriano Olivetti qui se retire et laisse la plus grande partie des actions à Caracciolo, ndlr]. «L'amitié est devenue une véritable fraternité. […] Nous étions pourtant très différents comme caractère et de par nos origines sociales. Je venais d'une famille de la petite bourgeoisie, lui était prince même s'il n'a jamais affiché avec ostentation son rang de nobles