Pour la première fois, un diplomate étranger a été condamné par un tribunal français pour des faits de torture commis hors de France. Khaled ben Saïd, ex-vice-consul de Tunisie à Strasbourg, jugé lundi par défaut devant les assises du Bas-Rhin, a été condamné à huit ans de réclusion criminelle pour complicité dans les actes de torture ou de barbarie commis dans son pays en 1996.
Policier. «C'est une grande victoire pour moi et pour le peuple tunisien qui souffre. Surtout pour les femmes», a déclaré la victime, très émue, Zoulaika Gharbi. Aujourd'hui âgée de 44 ans, elle accusait l'ex-diplomate et ancien commissaire, d'être le chef des policiers qui l'ont torturée en octobre 1996, dans un commissariat de Jendouba (nord-ouest de la Tunisie) afin de lui soutirer des informations sur son mari, membre du parti islamiste Ennahda et réfugié politique en France depuis 1993.
C'est une fois en France que Zoulaika Gharbi a appris, en 2001, que son tortionnaire venait d'être nommé vice-consul de Tunisie à Strasbourg. Prévenu par la police avant même l'ouverture d'une information judiciaire, Khaled ben Saïd a quitté précipitamment le pays. En 2002, la Ligue des droits de l'homme et la Fédération internationale des ligues des droits de l'homme se sont portées parties civiles aux côtés de la victime. Après une instruction longue et malgré le refus de coopérer de la justice tunisienne, le procès du policier-diplomate s'est finalement tenu lundi à Strasbourg. Gharbi a reraconté