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Libération

La mue politique de l’Europe

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publié le 17 décembre 2008 à 6h51

On ne reconnaît plus l’Union. Libérale, elle devient keynésienne. Politiquement inerte, elle s’est affirmée en acteur de la scène internationale. Habituée à tout marchander des années durant, la voilà qui décide le temps d’une réunion. Grâce aux crises qu’elle a dû affronter depuis l’été, l’Union européenne en vient même à transcender son éternel débat entre adeptes de l’Europe fédérale et tenants de l’Europe des nations.

Dans l’Union d’hier, tout opposait ces deux camps. Désireux de bâtir une Europe politique, une Union qui décide dans des domaines toujours plus nombreux et marche vers un gouvernement commun, les uns prônaient la primauté des institutions communautaires. Vent debout contre toute idée de dépassement des Etats nations par un «super-Etat» européen, les autres défendaient, au contraire, «l’intergouvernemental», la préséance des gouvernements nationaux qui devaient garder la haute main pour parer toute évolution fédérale.

Un temps, cette ligne de fracture avait été claire. Les premiers voulaient que l’Europe dépasse ses frontières intérieures pour s’affranchir des Etats-Unis et peser autant qu’eux dans le monde. Les seconds refusaient cette perspective de «découplage» dont ils craignaient que l’Alliance atlantique ne sorte affaiblie. C’était «l’Europe puissance» (à la française) contre «l’Europe marché» (à la britannique), mais bien d’autres enjeux avaient si bien brouillé ce débat qu’il en était devenu totalement illisible.

Par peur que les atlantistes ne dominent