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grand angle

Le chávisme, un baril de socialisme

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Financés par les pétrodollars, les programmes sociaux «participatifs» sont la pierre angulaire de la politique de Chávez, entre démocratie directe et volonté de contrôle. Reportage à Caracas.
publié le 18 décembre 2008 à 6h51

Accroché au flanc d'une des collines qui encerclent Caracas, Isaias Medina est un quartier populaire de l'ouest de la capitale vénézuélienne. Quarante mille habitants y vivent au milieu d'un dédale de venelles et d'escaliers taillés dans les à-pics de la paroi rocheuse. En ces derniers jours de novembre, une méchante brume noie le barrio (quartier) dans des volutes noirâtres, tandis qu'une pluie diluvienne ruisselle sur les toits de tôle des petites maisons en brique rouge. La rue Popular est rapidement transformée en un torrent qui charrie une partie des ordures jusqu'alors entassées sur les trottoirs dans l'attente d'un hypothétique ramassage.

Isaias Medina, Nuevo Horizonte, La Piedrita… près de deux millions de personnes, soit la moitié de la population de la capitale, s’entassent dans les barrios de Caracas. Plus bas, dans la cuvette, les beaux quartiers, leurs 4 x 4 rutilants et leurs magasins de luxe, s’étendent à des annéeslumière de l’indigence des hauteurs.

Ce matin, Miguel, un gamin déluré de 11 ans, a pris place dans la salle d'attente du dispensaire d'Isaias Medina où il vient soigner ses dents. «Je consulte le docteur tous les jours pour être sûr que je guéris bien», sourit-il, en arborant fièrement un tee-shirt à l'effigie des Requins de la Guaira, son équipe de base-ball préférée. Mais lorsque Ruiz Cadmiel, le chirurgien-dentiste, écarte le rideau du réduit où il reçoit ses patients et l'aperçoit, le gosse change de contenance. «Miguelito, je t'