Le samedi 6 décembre, quelques heures après la mort d’un adolescent de 15 ans «descendu» par un policier, alors même que le centre d’Athènes brûlait des premiers feux des voitures incendiées, le ministre de l’Education nationale allait noyer son chagrin dans une de ces boîtes qui font la gloire des nuits athéniennes. C’est le genre d’établissement où, sous l’effet d’un whisky de qualité médiocre, on croit bon d’afficher sa générosité en claquant des billets de banque - de grosses coupures de préférence - pour acheter des corbeilles de gardénias que l’on jettera ensuite sur la piste ou sur les femmes qui, dans une transe bien programmée, montent sur les tables pour danser.
Le lendemain soir, le même ministre a couru au stade de foot pour soutenir son équipe préférée. Les photos publiées dans les journaux le montrent rayonnant de bonheur : on peut supposer que ce fut au moment du premier but. Un peu plus tard, de jeunes «encagoulés» mettaient le feu à la bibliothèque de l’école de droit, à la bibliothèque nationale ainsi qu’au musée archéologique d’Athènes, lequel ne fut épargné que grâce aux efforts méritoires des pompiers qui intervenaient sous un déluge de pierres.
Le ministre dont je parle n’a pas eu un mot de regret pour l’adolescent, il n’a pas jugé nécessaire de présenter ses condoléances à la famille, il n’a pas exprimé sa solidarité avec les condisciples du défunt. Son attitude peut paraître scandaleuse mais elle n’a rien d’atypique. Elle est conforme à l’image d’un gou