Menu
Libération

Le lente fuite des chrétiens de Bethléem

Article réservé aux abonnés
Proche-Orient . De 150 à 200 personnes quittent la ville chaque année.
publié le 23 décembre 2008 à 6h51

Jeu de dominos, pistaches et cigarettes. Issa Naber, 55 ans, passe chaque jour plusieurs heures à tuer le temps dans un club de l'action catholique, aux abords de la vieille ville de Bethléem. «Nous sommes une minorité enfermée», lance-t-il, faisant référence au mur israélien qui ceinture la ville de naissance du Christ et la coupe de Jérusalem. «Nous sommes détestés de tous les côtés. Par les Arabes musulmans qui nous considèrent comme des athées, et par les Juifs pour qui nous sommes des Arabes. Rien d'étonnant à ce qu'autant de chrétiens décident de s'expatrier.»

Alors que Bethléem se prépare à une affluence record de touristes et de pèlerins pour Noël, ses habitants chrétiens continuent de quitter la ville. Ces départs, même s’ils sont moins nombreux qu’au début de la deuxième Intifada, au début des années 2000, traduisent un mal-être persistant. Soumis aux conséquences politiques et économiques de l’occupation israélienne, les chrétiens doivent également gérer des relations parfois tendues avec leurs voisins musulmans.

«Quitter». «Les chrétiens, qui représentent environ 30 % des 60 000 habitants de la ville, continuent de quitter Bethléem au rythme de 150 à 200 personnes par an», explique Bernard Sabella, professeur de sociologie à l'université de Bethléem. Selon d'autres estimations, plus pessimistes, les chrétiens, qui étaient majoritaires à Bethléem avant la création de l'Etat d'Israël, ne constitueraient plus que 10 à 15 % de la population