Une mauvaise baraque de bois et de plâtre, comme il en reste des centaines à Berlin-Est, rescapées de l'ex-RDA… Le sol en lino brun est humide, couvert de traces de pattes et de poils. L'air empeste l'animal mouillé. Sur la porte, un écriteau signale les horaires d'ouverture. La Tiertafel («table pour animaux»), sorte de resto du cœur pour chiens et chats, accueille bêtes et propriétaires, le samedi, de 11à 16 heures, pour une distribution de rations hebdomadaires de croquettes.
Tessy, 3 ans, hirsute, étonnant mélange d'épagneul et de berger, est là pour la troisième fois. «Je ne peux pas la laisser à la maison, elle me bouffe les chaises !» explique sa propriétaire, agrippée à la laisse. Helga, 46 ans, vit de l'aide sociale depuis dix ans. Sans la Tiertafel, elle pourrait difficilement subvenir aux besoins de ses deux chiens : 40 à 50 euros par mois et par bête pour la seule nourriture, auxquels s'ajoutent les frais de vétérinaire et l'impôt sur les chiens, qui s'élève à 120 euros pour l'un et 180 pour le second.
«Poissons rouges». «Nous avons ouvert en octobre notre premier site sur Berlin, et nous avons le plus grand mal à satisfaire la demande considérable», soupire Jeanine, qui dirige le centre. Elle s'inquiète de l'avenir de plus en plus incertain des animaux de compagnie des chômeurs de longue durée : «Les fourrières sont pleines. De plus en plus de personnes ne peuvent plus subvenir aux besoins de leurs bêtes et se voient contrain