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Libération

Fin d’un président fantôme

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Lansana Conté régnait sur la Guinée depuis 1984.
publié le 24 décembre 2008 à 6h51
(mis à jour le 24 décembre 2008 à 6h51)

Sa mort avait été annoncée tant de fois que la population guinéenne avait pu le croire indestructible. Reclus dans sa vaste propriété de Wawa, à deux heures de route de la capitale, Conakry, Lansana Conté était devenu, depuis longtemps, un président fantôme. Il ne participait à aucune réunion internationale, et ne prenait l’avion que pour aller se faire soigner en Suisse, sur les bords du lac Léman.

Décédé hier à 74 ans, Lansana Conté souffrait depuis des années d’un diabète aigu et d’une leucémie. Cela ne l’avait pas empêché d’être «réélu» en 2003, pour un troisième mandat à la tête de la Guinée, avec le score stalinien de 95 % des voix. Incapable de marcher, un factotum avait dû porter l’urne électorale jusqu’à son véhicule.

Celui qui se définissait avant tout comme un «paysan soldat», fervent défenseur de la culture du riz, régnait sans partage depuis avril 1984, date à laquelle un coup d'Etat militaire l'avait porté au pouvoir, dix jours après la disparition du père de l'indépendance guinéenne, Sékou Touré. Colonel, Lansana Conté était alors le plus haut gradé de l'armée. Arrivé presque par accident au sommet de l'Etat, il s'y est accroché en réprimant sévèrement plusieurs mutineries et soulèvements populaires.

Sous son règne d’un quart de siècle, la Guinée, déjà mal partie avec le marxiste Sékou Touré, n’a cessé de s’enfoncer dans la crise. En revanche, l’ancien colonel, formé par les Français et qui avait notamment servi en Algérie, a su préserver son pays des af