Pékin, de notre correspondante En arrêtant le dissident Liu Xiaobo le 8 décembre, Pékin espérait décourager les signataires de la Charte 08, un manifeste pour une Chine démocratique publié sur Internet (1). Mauvaise appréciation. Le vieil adage «Tuer le poulet pour effrayer le singe» ne fonctionne plus dans l'Empire du Milieu. Quelque 300 le premier jour, ils seraient aujourd'hui près de 5 000 selon les organisations humanitaires à avoir signé cet appel mesuré à la réforme du régime autoritaire chinois. Des avocats, des enseignants, des chefs d'entreprise, des artistes, des journalistes. Dans toutes les provinces, du Sichuan à Shanghai, l'appel est largement suivi. «La liste dépasse celle des habituels dissidents qui signent ce genre de texte, explique l'écrivain pékinois Wang Lixiong. Des gens de partout et de tous les milieux ont adhéré.» Selon lui, la charte énonce des évidences déjà formulées auparavant : «Beaucoup de gens ont dû signer sans penser qu'ils s'exposaient au moindre danger.» Mais la nouveauté, c'est que la société civile s'exprime, pour la première fois dans ces proportions.
Opprobre. «Cela inquiète le gouvernement», estime Wang Lixiong. Comme dans l'affaire de Hu Jia, le dissident emprisonné qui a reçu le prix Sakharov des droits de l'homme en décembre, Pékin prend le risque d'un nouvel opprobre international. Celle-ci ne s'est pas fait attendre. Vaclav Havel, ancien président tchèque et ex-dissident soviétique, a publié u