On ne peut pas le rater. C’est le seul avion garé sur le tarmac de l’aéroport de Bissau. Un Learjet blanc de douze places, comme ceux qu’empruntent les hommes d’affaires. Mais quel tycoon a bien pu s’égarer dans l’un des pays les plus pauvres au monde, qui n’exporte pas grand-chose d’autre que des noix de cajou ? L’avion est garé sous la tour de contrôle, comme dans l’attente d’un feu vert, mais nul ne sait quand il repartira… Le jet privé, immatriculé N351, a atterri le 12 juillet et s’est garé discrètement dans la partie militaire de l’aéroport. Mais tout se sait vite dans ce petit pays lusophone d’Afrique de l’Ouest d’un million et demi d’habitants. On suspecte l’avion de transporter de la cocaïne sud-américaine. Il vient du Venezuela, s’est posé sans autorisation et semble pressé de repartir. Mais un problème technique le coince à Bissau.
Lorsque le 17 juillet, un autre avion privé atterrit, avec un ingénieur aéronautique à son bord, la ministre de la Justice décide de passer à l'action. Carmelita Pires ordonne la saisie du mystérieux jet et l'arrestation des pilotes. Cette femme de 45 ans, souriante et sans façons, veut frapper un grand coup. Depuis 2005, son pays est pointé du doigt pour son rôle de plateforme du trafic de drogue entre l'Amérique latine et l'Europe. Evincés du trafic avec les Etats-Unis par la mafia mexicaine, les cartels colombiens se sont tournés vers le juteux marché européen. Mais les routes directes étant de plus en plus surveillées, l'Afrique de l