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Libération
TRIBUNE

Pour un monde meilleur

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publié le 29 décembre 2008 à 6h51
(mis à jour le 29 décembre 2008 à 6h51)

C’était il y a à peine quinze jours, aussi vite oublié que fêté, les autorités mondiales se sont répandues en élégies et le public a essuyé un soupir avant de hausser les épaules. Célébration des 60 ans de la Déclaration universelle des droits de l’homme : les Etats se sont congratulés et félicités d’agir dans le bon sens tandis que les protestataires se sont adulés protestataires en constatant combien on était loin du compte. Et chacun de rempiler, gardant copie des discours d’éloge ou de deuil qui resserviront tels quels dans dix, vingt ou trente ans, lorsqu’on constatera une nouvelle fois, pour un nouvel anniversaire décennal que les droits de l’homme émeuvent mais ne règnent pas.

Tandis que les angéliques commémorent, les cyniques optent pour la «realpolitik», tous sont victimes d'un identique analphabétisme. Ils ignorent, ou feignent d'ignorer, que la fastueuse déclaration universelle fut précédée - à un jour près - de la définition non moins universelle du crime de génocide. D'un côté, l'universalité positive et bienheureuse des «droits» ; de l'autre, l'universalité négative de l'horreur absolue. Qui fonde l'autre ? Ce n'est pas parce qu'on ignorait les droits de l'homme qu'Auschwitz fut possible. C'est parce qu'Auschwitz fut découvert possible qu'on s'accorda sur des devoirs universels censés éviter la reproduction d'un tel désastre. Soixante ans plus tard, trou de mémoire : nul n'emprunte plus cette via negativa qui instaure l'exigence du droit en se réclaman