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Libération
Critique

«Il Divo», l’éternel maléfique

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Palais. Un portrait à charge de Giulio Andreotti, symbole de la démocratie-chrétienne italienne.
publié le 31 décembre 2008 à 6h51

Une rue romaine déserte au cœur de la nuit. Des berlines officielles roulent au pas et des policiers en gilet pare-balles, arme au poing, scrutent les façades éteintes. Au milieu du groupe marche à petits pas mécaniques un homme voûté, le teint diaphane, engoncé dans un costume étriqué. Un regard erratique derrière les grosses lunettes d’écaille et des oreilles pointues qui lui ont valu, parmi tant d’autres, le surnom de Belzébuth…

Politicien symbole d'une démocratie-chrétienne balayée après un demi-siècle de pouvoir ininterrompu par les enquêtes «Mani pulite» («mains propres»), Giulio Andreotti ne dort pas et se rend chaque jour à l'aube prier à l'église de son quartier. «Le mal est nécessaire pour arriver au bien», susurre-t-il au confesseur. Ce long plan-séquence revient plusieurs fois au cours de ce film, récompensé par le prix du jury au dernier festival de Cannes. Il exprime la quintessence de ce Machiavel migraineux, pour qui la vraie puissance n'a pas besoin de s'afficher.

Portrait à charge filmé comme un opéra rock, Il Divo - le Divin ,autre des surnoms de l'inoxydable Giulio Andreotti - est avant tout un film sur le pouvoir et sur la solitude de celui qui l'exerce. «Le pouvoir n'use que celui qui ne l'a pas», aime à répéter, en vrai, le protagoniste de cet époustouflant huis-clos sous les velours et les ors des palazzi de la République.

Nonagénaire. Giulio Andreotti a réellement le sens de l'humour et son seul commentaire publ