Avec ses 400 000 salariés, ses villes, ses hôpitaux et même ses avions, Gazprom, qui représente 8 % du PIB de la Russie, continue à faire peur. Mais le colosse russe, encore récemment la troisième entreprise au monde par sa capitalisation boursière, n'est plus au mieux de sa forme, frappé par la chute des cours du pétrole et la crise financière. Selon le New York Times, Gazprom aurait accumulé 35,4 milliards d'euros de dettes et perdu 76 % de sa valeur en Bourse.
De quoi inquiéter la Russie, dont Gazprom est devenu, sous l’impulsion de Vladimir Poutine, le champion et la vitrine à l’étranger. A elle seule, l’entreprise possède 17 % des ressources gazières mondiales ainsi qu’une part considérable des réserves pétrolières russes, et représente 20 % des recettes budgétaires rien qu’en revenus fiscaux. Depuis sa création, en 1989, et malgré sa privatisation cinq ans plus tard, la destinée de Gazprom a toujours été liée à celle du Kremlin : ainsi en 1992, Boris Eltsine nommait-il comme Premier ministre Viktor Tchernomyrdine, alors président de Gazprom, aujourd’hui ambassadeur de Russie… en Ukraine. Avant son élection, le président Medvedev était l’homme de Poutine au sein de l’entreprise, dont il a dirigé le conseil d’administration de 2000 à 2008.
C’est par le biais de Gazprom que la Russie a marqué son retour sur la scène internationale, que ce soit pour mettre au pas des voisins en quête d’émancipation, comme la Géorgie ou l’Ukraine, ou pour renforcer son statut de gran