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Libération
Reportage

A Ramallah, le Fatah aux abois

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En Cisjordanie, le parti du président Abbas est discrédité pour son attitude face au Hamas et à Israël.
publié le 6 janvier 2009 à 6h51
(mis à jour le 6 janvier 2009 à 6h51)

Jamais Kadoura Fares, un leader du Fatah, n'avait imaginé que sa mère, 78 ans, puisse un jour, après avoir vu les bombardements sur Gaza à la télévision, lui jeter à la figure : «Que la honte soit sur vous, Fatah !» Et qu'il découvrirait sur le cahier d'écolier de sa fille de 8 ans des dessins représentant les guérilleros du Hamas affrontant les chars israéliens à Gaza. Pour Fares, qui fut emprisonné par l'Etat hébreu et préside l'association des détenus (politiques) de la société palestinienne, ces deux anecdotes sont accablantes pour son organisation. Elles témoignent que, loin de s'affaiblir, le Hamas, le parti rival, se renforce en Cisjordanie. Et, à l'inverse, que le Fatah, le parti de Yasser Arafat, pour n'avoir pas choisi de le soutenir ouvertement dans l'épreuve et s'être montré trop lié à l'Autorité palestinienne, risque de disparaître. «Toute la génération des 16-20 ans se range derrière le Hamas. La guerre ne profite qu'à lui seul. Si elle continue, les gens vont voir en Ismaël Haniyeh[qui dirige le gouvernement Hamas à Gaza, ndlr] un prophète», lance-t-il depuis son bureau de Ramallah, sous les photos de Yasser Arafat et Marwan Barghouti, l'un des leaders du Fatah emprisonné par l'Etat hébreu, qui brandit ses menottes comme un flambeau.

Responsabilité. Dans le centre-ville, le cœur de Ramallah ne bat que pour Gaza. Dans les boutiques et les cafés, tous les regards sont dirigés vers les télévisions. «Les gens passent