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Libération

La télé turque se met au kurde

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Médias . La reconnaissance de la langue est un vieux combat des séparatistes.
publié le 9 janvier 2009 à 6h51
(mis à jour le 9 janvier 2009 à 6h51)

C'est du jamais-vu en Turquie. Une chaîne de télévision publique émet en kurde - une langue longtemps interdite - depuis le 2 janvier, vingt-quatre heures sur vingt-quatre. «Le tabou est brisé même si le contenu des programmes n'est guère convaincant», se félicite Umit Firat, intellectuel kurde. Bien que parlée par 13 millions des 70 millions de citoyens de Turquie, cette langue n'est d'ailleurs toujours pas officiellement reconnue. TRT6 s'appelle officiellement la «Chaîne multilingue» et diffusera prochainement des émissions en arabe, en arménien, en géorgien. «Avec toutes les interdictions qui limitent la libre expression politique et intellectuelle de l'identité kurde, TRT6 est un pas en avant mais insuffisant et pas sincère», s'est lamenté Ahmet Turk, président du Parti de la société démocratique (DTP, 20 députes au Parlement sur 550). La Cour constitutionnelle devrait prochainement statuer sur l'interdiction de ce Parti, accusé de propagande séparatiste et d'être la vitrine légale du PKK, le Parti des travailleurs du Kurdistan, qui mène depuis 1984 la lutte armée contre Ankara.

Contre-pied. La naissance de la chaîne publique kurde a suscité un intense débat. Le Premier ministre, Recep Tayyip Erdogan, issu de la mouvance islamiste, a salué «cette initiative démocratique historique» et a d'ailleurs prononcé trois mots en kurde lors du lancement… L'extrême droite nationaliste s'indigne. «L'Etat ne doit pas favoriser un groupe