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Pères, divorcés et privés de leurs enfants

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Japon. La législation de l’archipel favorise les mères. S’il y a séparation, l’époux n’a pas de droit de visite.
publié le 12 janvier 2009 à 6h51
(mis à jour le 12 janvier 2009 à 6h51)

«Je veux juste voir Marie-Anne, juste lui parler. Ma fille est privée depuis cinq ans de tout contact avec sa seconde famille, autant qu'avec son second pays et sa seconde culture.» Ses cadeaux de Noël sous le bras, Jacques Colleau marche vers la maison où vit son unique enfant de 8 ans, depuis, dit-il, son «kidnapping brutal par sa mère, à l'été 2003». La villa est au bout d'une ruelle de Kazo, une petite ville cerclée de rizières, au nord de Tokyo. Là vit son ancienne épouse depuis qu'ils ont divorcé, il y a cinq ans. Comme un million de pères japonais et des milliers d'étrangers (dont une cinquantaine de Français), Jacques Colleau est privé de contact avec son enfant.

«Enfants démolis». Cet homme d'affaires de 50 ans a apporté de France un coffret de peinture, une cassette de dessin et un jeu de maquillage. Il espère voir sa fille, comme lors de chaque voyage. Jacques aperçoit Marie-Anne dans le jardin, qui part prévenir sa mère de sa venue dans la maison protégée par un système de sécurité. Le visage fermé, la mère apparaît et s'approche. Elle écoute son ex-époux la supplier de songer «à l'intérêt supérieur de [leur] fille.»fille Très vite, le grand-père hurle à sa fille d'appeler la police. La mère finit par prendre les cadeaux, mais refuse, comme à l'accoutumée, que l'enfant voit son père. Défait, Jacques Colleau s'en va. «C'est sa fille qui ne veut pas le voir. Quand son père vient, cela la dérange. Elle part pleurer dans