Il n’y a pas que le désespoir de Gaza. Sang, mort et bombes en moins, sur les hauteurs de la Cisjordanie, à Ramallah, capitale de l’Autorité palestinienne, il y a quelque chose de tout aussi terrible, d’encore plus grave pour l’avenir, dans le désarroi de cette génération d’intellectuels qui avaient cru parvenir à la paix.
Chrétiens ou musulmans, c'est eux qui avaient convaincu Yasser Arafat d'accepter l'existence d'Israël. Les accords d'Oslo, c'étaient eux. Le fol espoir, si vite déçu, des années quatre-vingt-dix, ce sont encore eux. Les «Accords de Genève», la proposition de règlement définitif bâtie avec les pacifistes israéliens, ce sont toujours eux. Ils avaient toujours cru qu'ils ne mourraient pas sans avoir vu leur rêve réalisé mais, aujourd'hui, cheveux blanchis, «c'est foutu», disent-ils tous.
Ils haïssent le Hamas d'avoir mené à ce drame par ses tirs d'obus sur Israël, craignent son ambition d'islamiser la loi palestinienne et de subordonner la lutte nationale au combat pour l'unité de l'islam mais, publiquement au moins, ils n'iraient plus dire un mot contre lui. «Après ça, on ne peut plus. Ce serait justifier ces bombardements, disent-ils, et puis à quoi bon ? Si des élections avaient lieu demain, le Hamas les remporterait, haut la main. Nous passons, désormais, pour des naïfs, voire des collaborateurs. C'est l'idée même d'un règlement négocié qui vient d'être tué.»
Alentour, les enfants rient. Ici, immeubles et villas sortent de terre presque aus