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Interview

«Les rares humanitaires à Gaza se cachent sous les tables»

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Pierre Micheletti, président de Médecins du Monde, plaide pour un cessez-le-feu général et immédiat. Mais il craint que l'Etat hébreu ne permette pas l'accès aux blessés avant la fin de l'offensive.
Smoke rises during Israel's offensive in Gaza January 15, 2009. Israel unleashed its heaviest shelling of Gaza's crowded neighbourhoods on Thursday, hitting a U.N. compound and a media building in what might be a final push against Hamas before a ceasefire deal. REUTERS/Suhaib Salem (GAZA) (REUTERS)
par Recueilli par FRANÇOIS MEURISSE 
publié le 15 janvier 2009 à 17h55
(mis à jour le 15 janvier 2009 à 17h56)

Le 6 janvier, Ehud Olmert annonçait la création de corridors humanitaires dans la bande de Gaza. Vous avez dénoncé cette initiative et parlé de «couloirs de la honte». Pourquoi?

Parce qu’il ne s’agit que d’un effet d’annonce. Cette initiative n’est pas fonctionnelle et elle n’est pas même mise en application. Dans la pratique, cette décision des autorités se télescope avec deux éléments: les réticences des ONG à se rendre sur place quand les combats font rage — elles ne prennent pas le risque — et l'attitude des militaires qui interdisent parfois le passage aux humanitaires. Cette disposition reste de toute façon modeste: il ne s’agit que de trois heures par jour. En outre, si cela devait résumer une position politique, ce serait un cache-misère, rien de plus.

Avez-vous espoir que cette situation change?

Les dernières informations dont je dispose, c’est que les combats à Gaza-ville ont encore gagné en intensité. Je pressens une capacité d’accès dans les jours qui viennent mais malheureusement, cela voudra dire que l’armée israélienne est allée au bout de son offensive. J’ai l’impression qu’on se dirige donc vers un cessez-le-feu sans qu’on ait pu peser directement sur la situation sur le terrain.

Dans ces conditions les humanitaires travaillent-ils et comment?

Les rares humanitaires présents, en dehors du CICR qui peut transporter ses employés dans des voitures blindées — et encore! — sont à l’hôpital de Shifa, ils se cachent sou