Huit ans de prison ferme pour homosexualité. Jamais une condamnation aussi lourde n’avait été prononcée au Sénégal, un pays réputé pour son esprit de tolérance dans la région mais où le climat est en train de changer.
A Dakar, où l'homophobie gagne du terrain à grands pas, ce jugement prononcé le 7 janvier suscite une véritable terreur chez les gays et les lesbiennes. A Paris, il a provoqué l'indignation des milieux associatifs, où on parle de «prisonniers d'opinion», mais aussi dans la classe politique. Fait plutôt rare pour une affaire de ce genre, le président Nicolas Sarkozy s'est dit «ému», tandis que le maire de Paris, Bertrand Delanoë, en tant que président de l'Association internationale des maires francophones, écrivait à deux maires et hauts responsables sénégalais pour exprimer sa «très vive préoccupation».
Dénonciation. La semaine dernière, le tribunal de Dakar a reconnu coupables d'«acte impudique» et d'«acte contre nature» neuf personnes, dont le chef de la branche locale de l'association Aides. Le juge a alourdi la sentence requise par l'accusation en qualifiant le groupe d'«association de malfaiteurs». Leurs avocats, qui ont été surpris par la vitesse à laquelle le juge a tranché, sans mise en délibéré, ont fait appel.
Le 19 décembre, apparemment suite à la dénonciation d'un voisin, la police avait arrêté ces hommes réunis chez Diadji Diouf, le secrétaire général de Aides-Sénégal, une organis