Barack Obama aime dire que «dans aucun autre pays sur Terre, une histoire comme la [s]ienne serait possible». Ce n'est pas seulement d'élire un jeune Noir dans un pays qui a mis fin il y a cinquante ans aux discriminations racistes.
Ce n’est pas seulement d’avoir choisi un brillant intellectuel né dans une famille pauvre et éclatée.
L'exception est aussi d'avoir choisi un homme pour qui le monde n'est pas une opposition simpliste entre le mal et le bien. Un candidat qui a démontré durant sa campagne que l'on pouvait s'adresser à l'intelligence des électeurs et pas seulement à leurs tripes et à leurs peurs. Il l'a révélé quand les républicains ont concentré leurs attaques sur sa couleur et son pasteur supposé extrémiste. Barack Obama a répondu par un discours remarquable de profondeur et de sensibilité sur la place des Noirs en Amérique et sur les responsabilités et devoirs des Blancs. «En m'élisant, vous n'aurez pas la réconciliation raciale pour pas cher», aime à répéter le président-élu. Bon connaisseur et lecteur assidu de la Bible, il explique qu'il appartient à la «génération de Josué», après la «génération de Moïse» des premiers politiciens noirs qui n'avaient pas atteint la Terre Promise. Lui, comme Josué, devra finalement gouverner. Il bénéficie d'un soutien sans précédent de ses citoyens, y compris ceux qui n'ont pas voté pour lui mais qui sont tous fiers que l'Amérique fasse ainsi l'histoire. Son élection préfigure une Amérique métisse où les Bla