Obama sera-t-il un nouveau Roosevelt ? L’analogie est tentante, mais trompeuse pour plusieurs raisons. La plus évidente est une profonde différence de timing. Lorsque Roosevelt est investi président, en mars 1933, la situation économique paraît totalement désespérée : la production a chuté de plus de 20 % depuis 1929, le taux de chômage atteint 25 %, sans parler de l’alarmante situation internationale. Après la calamiteuse présidence Hoover, qui s’était enferrée pendant trois ans dans sa stratégie «liquidationniste» visant à laisser les «mauvaises» banques faire faillite les unes après les autres, et dans son dogmatisme anti-Etat (excédents budgétaires jusqu’en 1931, aucune relance des dépenses publiques), les Américains veulent un changement fort et attendent Roosevelt comme le messie. C’est cette situation désespérée qui lui permet de mettre en place une politique radicalement nouvelle.
Pour punir les élites financières qui se sont enrichies tout en conduisant le pays au bord du gouffre, et aussi pour contribuer au financement d’une gigantesque expansion de l’Etat fédéral, il décide ainsi en quelques années de porter à 80 - 90 % les taux d’imposition applicables aux revenus et aux successions les plus élevés, niveau où ils se maintiendront pendant près d’un demi-siècle.
Arrivé au pouvoir quelques mois seulement après le déclenchement de la crise, Obama fait face à une situation totalement différente, et à un timing politique nettement moins favorable. La récession est encore