Est-ce que de féroces combats, avec des chars, de l’artillerie et des fantassins, se sont déroulés à Beit Hanoun, au nord-est de Gaza ? On pourrait le croire tant cette agglomération d’agriculteurs présente l’aspect d’une ville après la bataille. Partout, des façades éventrées, des maisons rasées, des écoles brûlées, des routes défoncées, des champs labourés par les blindés, des canalisations crevées. Partout, l’odeur de la charogne à cause des bêtes mortes qui n’ont pas encore été ramassées. Partout, des habitants hébétés au milieu des ruines, cherchant à comprendre pourquoi leur maison a disparu, ou occupés à la rendre habitable si elle n’a été qu’endommagée. Partout, le chagrin.
Béances. Mais il n'y a pas eu de combats à Beit Hanoun. En tout cas, on n'en voit pas la trace. Peut-être même n'y a-t-il même pas eu d'escarmouche, ce qu'assurent tous les habitants. La petite ville palestinienne a simplement eu le tort d'occuper une hauteur stratégique au nord-est de Gaza d'où l'on peut voir la mer. Elle a donc été livrée aux chars israéliens qui, après la fuite de la population, l'ont taillée en pièces. Le chemin emprunté par les blindés et les bulldozers, on peut même le suivre de maison en maison. Car ils ont préféré traverser de part en part les habitations plutôt que de suivre la route principale, dans la crainte, réelle ou non, qu'elle puisse être minée. De même pour les trajectoires des obus, que l'on devine facilement à travers les brèches et les béances