Barack Obama excelle dans l'art du discours. Il y a la puissance de ses mots. «Avec les mots justes, tout peut changer», cette conviction il l'a couchée tôt dans son autobiographie les Rêves de mon père. Il y a aussi, et surtout, cette mélodie singulière qu'il fait entendre.
C’est par un discours éclatant que l’Amérique découvre, voilà seulement cinq ans lors de la Convention du Parti démocrate, un jeune candidat au poste de sénateur de l’Illinois. La voix, les accents de prêcheur passés au polissoir de Harvard, envoûtent le public. Lors de la campagne présidentielle, l’éloquence du prétendant Obama marque les moments décisifs. Attaqué sur la question raciale, il délivre son plus beau discours sur l’Amérique post-raciale et démontre, une fois encore, qu’il place la rhétorique au cœur de la politique.
Miroir. La puissance de la parole, il la découvre alors qu'il a dix ans. Son père, parti au Kenya peu après sa naissance, vient lui rendre visite à Hawaii où il grandit entouré de sa mère et de ses grands-parents maternels. Et voilà que ce père, si souvent imaginé sur de vieilles photographies, est là devant lui. «Dès qu'il parlait - ses grandes mains tendues pour diriger ou dévier l'attention, sa voix profonde et sûre, son ton enjôleur et ses rires - je voyais un changement soudain s'opérer dans la famille… C'était comme si sa présence avait convoqué l'esprit des temps anciens», écrit-il dans son autobiographie. Un récit qui opère comme un miroi