Ce doit être ça, une foule sentimentale. Une masse souriante, calme et fluide, mais aussi une multitude d'individus, tous uniques et différents. Combien sont-ils ? Un million, peut-être deux, peu importe. «Nous sommes un», répètent-ils, mais le plus étonnant n'est pas le nombre, c'est combien chacun compte ce jour-là. Noirs, Blancs, Asiatiques, Hispaniques, Arabes, toute l'Amérique est là, pas seulement celle des couleurs de peau : riches, pauvres, gays, religieux, provinciaux, ouvriers, retraités, athées, ploucs et branchés… Ils sont tous venus, les vieux, les enfants, les handicapés.
Quand, à midi, Barack Obama a prêté serment, une grande clameur s'est élevée du Mall, l'immense esplanade qui relie les principaux centres du pouvoir américain, la Maison Blanche, le Congrès. Puis le silence, intense, concentré. Chacun a écouté les mots du 44e président des Etats-Unis comme s'ils lui étaient personnellement adressés. C'est à ce moment-là que Katherine a fondu en larmes. Cette femme noire venue d'Orlando, en Floride, pour «voir ce jour de ses propres yeux», n'a pas pu s'empêcher de pleurer. «Je ne sais pas pourquoi, si je pleure de joie et de fatigue. Toutes ces années, nous avons travaillé, souffert, pour envoyer nos trois enfants à l'université. Maintenant voilà, c'est fait. Nous avons réussi. Un fils de notre communauté est à la Maison Blanche.» Elle n'a pas réussi à obtenir un ticket, ce sésame qui permet d'accéder aux places assises mai