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Libération
TRIBUNE

Le rêve d’Orwell

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par Bruno Jeanbart, directeur des études politiques d’OpinionWay et Nicolas Vanbremeersch, directeur de l’agence Spintank
publié le 21 janvier 2009 à 11h04
(mis à jour le 21 janvier 2009 à 11h04)

L’une des raisons du succès de George Bush en 2004 - 3 millions de voix d’avance - s’appelle Voter Vault, la base de données d’électeurs constituée par les républicains une dizaine d’années auparavant. En août 2005, Harold Ickes, ancien conseiller de Bill Clinton, a fondé Catalist, afin de doter le courant progressiste d’un outil capable de rivaliser avec celui des conservateurs.

En trois ans, il a levé 14 millions de dollars pour atteindre cet objectif. Lorsque s’est engagée la campagne présidentielle, Catalist contenait des données sur plus de 220 millions d’Américains : 140 millions qui sont inscrits sur listes électorales et 80 millions qui, bien qu’électeurs potentiels, ne sont pas inscrits.

Agrégeant des données issues des listes électorales, croisées dans un second temps avec les données des bases commerciales ou les informations recueillies par les équipes de campagne démocrates (que ce soit par les neighborhood teams, ces volontaires spécialisés dans le recueil de données ou par l'intermédiaire du site Mybarackobama.com), Catalist contient jusqu'à 600 informations sur une seule personne, telles que son adresse, son numéro de téléphone, son portable et son e-mail, mais aussi des renseignements inconcevables en Europe, comme le profil politique, la race ou la religion, qui ne suscitent pourtant guère de débats aux Etats-Unis.

S'appuyant sur un travail de modélisation des comportements électoraux, cette base de données a été au cœur de la campagne, guidant le tra