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Libération

«En Russie, à nouveau, on tue des gens parce qu’ils défendent le droit»

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Droits de l’homme. L’avocat et la journaliste assassinés se savaient menacés.
publié le 22 janvier 2009 à 11h16
(mis à jour le 22 janvier 2009 à 11h16)

«Je suis fatigué… Fatigué de lire des listes de morts et d'y trouver les personnes que je défends… Ce n'est plus un travail, c'est de la survie…» Ainsi parlait l'avocat Stanislav Markelov, 34 ans, lors d'un meeting de soutien à l'un de ses clients, journaliste tabassé et laissé presque pour mort en novembre. «Nous avons besoin qu'on nous défende. Qu'on nous protège des nazis, du pouvoir mafieux et des forces de l'ordre qui souvent sont à leur service, poursuivait l'avocat. Et nous savons bien que personne ne nous défendra, si ce n'est nous-mêmes.»

Néonazis. L'avocat Stanislav Markelov et la journaliste Anastassia Babourova, 25 ans, assassinés lundi en plein centre de Moscou, chacun d'une balle dans la nuque, étaient deux consciences de la Russie. «Je sais qu'il recevait des menaces, de néonazis notamment, raconte Lev Ponomariov, directeur du mouvement «Pour les droits de l'homme», qui partageait un coin de bureau avec Markelov. Récemment, il m'avait dit : "Encore ces menaces !" Je lui disais : "Prends garde, c'est dangereux !" Il écoutait, et reprenait son travail». Marié, il était père de deux enfants.

Toute jeune journaliste, encore étudiante à l'université de Moscou, Anastassia Babourova était de la même trempe. Militante «antifasciste», elle s'était déjà spécialisée dans la couverture des crimes néonazis. Sachant à quoi elle s'exposait, elle s'entraînait aussi à la lutte. Selon un passant, qui