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Libération

Le «José Bové» camerounais et l’affaire des tracteurs détournés

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Développement. Un syndicaliste paysan est poursuivi pour avoir dénoncé la corruption.
publié le 24 janvier 2009 à 6h51
(mis à jour le 24 janvier 2009 à 6h51)

C

'est une histoire qui fait peu de vagues en marge du flot d'actualités sur la crise. Une sorte de petit bréviaire de la mondialisation à l'échelle d'un continent - l'Afrique. Dans un pays - le Cameroun -, où entre chape de plomb politique et élite largement corrompue, une société civile émerge et tente de se frayer un chemin. «Pour faire valoir le droit de se développer, faire entendre l'idée de la souveraineté alimentaire, faire avancer la démocratie.» Ce sont les mots, et c'est l'histoire d'un agronome : Bernard Njonga, devenu syndicaliste paysan.

Njonga et cinq autres «prévenus» devaient comparaître vendredi devant le tribunal de première instance de Yaoundé avant que le procès ne soit repoussé au 13 février. Motif : «Manifestation non déclarée sur la voie publique.» Il plaide coupable. «Oui, nous avons pris la rue.» Oui, il a protesté le 10 décembre aux côtés de militants de l'Association citoyenne pour la défense des intérêts collectifs. Oui, il a appelé «à dénoncer le détournement de l'argent public». Bilan : une dizaine d'arrestations. Un passage à tabac. Deux blessés graves.

«Du beau monde». C'est que Bernard Njonga, 55 ans, corps sec comme un coup de trique et regard fier, est un rien zélé dans son combat. Il n'aurait pas dû prouver que plus de 60 % d'une aide de 1,8 million d'euros, promise en 2008 à des paysans pour cultiver le maïs, a fini dans les poches de caciques du ministère de l'Agriculture. Il n'aurait pa