Après une journée d'émeutes, marquée par de nombreux pillages, un calme précaire est revenu, hier, à Antananarivo, la capitale de Madagascar. Selon les autorités, les heurts de la veille entre les partisans du jeune maire, Andry Rajoelina, et les forces du président Marc Ravalomanana ont fait deux morts parmi les manifestants. Six autres personnes, qui auraient été piétinées, ont trouvé la mort dans un entrepôt. Les troubles ont aussi secoué plusieurs localités de la Grande Ile où les magasins Magro, appartenant au groupe agroalimentaire Tiko du chef de l'Etat, ont été systématiquement vidés. Sur la défensive,ce dernier a lancé, hier, un appel à «l'unité nationale et au dialogue».
Madagascar n’avait pas connu de troubles aussi graves depuis 2002, lorsque le président sortant, Didier Ratsiraka, très proche de Paris, refusait de reconnaître la victoire à la présidentielle du maire de «Tana», alors Marc Ravalomanana. La crise avait duré plusieurs mois, avant que Ratsiraka ne parte en exil en France. A l’époque, «Ravalo» avait bénéficié du soutien d’une population aspirant au changement.
Sept ans plus tard, une partie des Malgaches se retourne contre lui. Le tycoon au visage juvénile, qui a bâti sa fortune dans l'agroalimentaire (d'où son surnom de «roi du yaourt»), a profondément déçu, malgré sa réélection en 2006. Les Malgaches, dont les trois quarts vivent sous le seuil de pauvreté, lui reprochent de ne pas avoir tenu ses promesses d'«enrichir les pauvres»