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grand angle

Le cru nippon n’est plus saké

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Longtemps consommateurs de bière et d’alcool, les Japonais cultivent leur goût pour le vin avec le koshu, un blanc sec, bientôt sur les tables d’Europe.
par Ricardo UZTARROZ
publié le 29 janvier 2009 à 6h51
(mis à jour le 29 janvier 2009 à 6h51)

La petite route serpente au milieu des vignes aux feuilles déjà jaunies. Les vendanges sont terminées depuis près d’un mois. C’est la période de la vinification. Seuls les toits aux coins recourbés vers le ciel, aux tuiles vernissées, noires ou vert sombre, rappellent au voyageur qu’il est bien au Japon, dans le département de Yamanashi, à une centaine de kilomètres de Tokyo. Cette région, située au pied occidental du mont Fuji, est le berceau de la viticulture nipponne. Car l’archipel est un pays vinicole depuis près de cent cinquante ans. Malgré des conditions climatiques peu propices, une pluviométrie excessive et des sols trop riches et acides, le vin japonais se découvre des ambitions mondiales, une suite presque logique au déferlement planétaire des sushis.

Cépage autochtone

Il y a seulement un an que l'Union européenne n'interdit plus les importations de crus made in Japan. Le mois prochain, arrivera sur les meilleures tables nipponnes de France un koshu appelé shizen («nature»), importé par Vins du monde. On peut déjà déguster ce blanc sec à Londres où il est à la carte du restaurant japonais Umu, une étoile au Michelin, dans le très huppé quartier de Mayfair. Le koshu est issu d'un cépage autochtone éponyme dont on ignore l'origine. Une légende dit qu'il a été introduit au VIIIe siècle par des moines bouddhistes venant de Chine et proliféra à l'état sauvage jusqu'en l'an 1100, avant qu'un autre moine, dénommé Amemiya Kageyu, le cultive pour obtenir un rais