Les parents de Jean ont dû s'endetter pour payer son inscription en maîtrise à l'école de journalisme de l'université de Yaoundé : le coût, 914 euros, de cette formation représente quatre mois de salaire de sa mère fonctionnaire. «Depuis, ils ont du mal à assurer les trois repas quotidiens de la famille», explique Jean. Problème, le tarif pratiqué par son établissement est illégal : la scolarité dans les universités publiques du Cameroun est fixée par la loi à 76 euros, un montant déjà trop élevé pour beaucoup de Camerounais.
Les responsables de cette école, l'unique formation en journalisme de l'enseignement public, profitent de sa «notoriété» pour rançonner les étudiants sans pour autant assurer des cours de qualité, dénonce l'Association pour la défense des droits des étudiants du Cameroun (Addec). Ce syndicat a osé porter plainte contre le directeur de l'école pour «concussion». Une instruction est en cours. L'action en justice ne vise cependant qu'un pan de la «corruption multiforme» et du manque d'éthique qui gangrènent les sept universités publiques du Cameroun, l'un des pays les plus corrompus du monde, soupire Innocent Futcha, du Syndicat national des enseignants du supérieur (Synes).
Vache à lait. Pour ses dirigeants, l'université n'est aujourd'hui qu'une vache à lait. Les recteurs captent ainsi une bonne part des budgets universitaires qu'ils utilisent pour l'entretien de leurs «hôtels particuliers» ou les salaires des nombreux membres de