Philippe Hugon, directeur de recherche à l'IRIS et auteur de «Géopolitique de l'Afrique», revient pour libération.fr sur la crise politique à Madagascar.
La situation actuelle à Madagascar vous surprend-elle?
Non, ce genre d'évènements s'est déjà produit. Le maire d'Antananarivo, Andry Rajoelina, a voulu reproduire ce que Marc Ravalomanana (l'actuel président) avait fait en 2001. La crise actuelle résulte de la conjonction de plusieurs phénomènes: la fermeture d'une chaîne de télévision, l'accentuation de l'affairisme entre secteur public et privé. Il y a aussi le scandale Daewoo (ndlr: le gouvernement veut louer des terres à la firme sud-coréeenne), alors que la terre est sacrée à Madagascar. Enfin, malgré une croissance en hausse, le niveau de pauvreté reste un des plus forts du monde. Rajoelina a su utiliser ce mécontentement populaire pour mener son coup d'Etat verbal.
Rajoelina vient d'être destitué de son poste de maire. Jusqu'où peut-il aller désormais?
Rajoelina ne peut pas devenir président de la République, car la constitution impose d'avoir au moins 40 ans (ndlr: il en a 34). Pour cela, il devrait faire un véritable coup d'Etat. Mais d'autres scenarii sont envisageables. Ravalomanana a concentré de nombreux pouvoirs entre ses mains, et a accentué la présidentialisation du régime malgache. Il peut y avoir un compromis débouchant sur un rééquilibrage, avec Rajoelina prenant le poste de Premier ministre. De toute faço