Il reste une raison de ne pas s’asseoir et pleurer. Elle est mince, bien relative, mais le fait est que l’état politique du monde est plus rassurant que sa situation économique - moins angoissant en tout cas.
Sur le front économique, tout se dégrade toujours plus. Aux Etats-Unis, loin d’être stabilisé, le secteur bancaire paraît aussi profondément et durablement ébranlé qu’en Grande-Bretagne. En Russie, l’inquiétude sociale est si grande que le pouvoir s’oblige à une certaine retenue face à des manifestants qui s’enhardissent et se multiplient. En Europe, on sait : envolée du chômage et sauve-qui-peut des Etats membres qui bricolent, dans l’urgence, des plans de relance nationaux au lieu de chercher de réponses communes à leurs défis communs. En Chine, surtout, il y a maintenant vingt millions d’ouvriers condamnés à repartir vers les campagnes par la faillite des entreprises de la côte.
Sans doute sous-estimé, ce chiffre est officiel. Il y a, désormais, vingt millions de gueux en Chine, sans travail, sans autre espoir que de partager la misère de villages que leurs salaires aidaient, jusqu’à présent, à survivre. Le pouvoir en a éprouvé le besoin d’appeler l’armée à «une obéissance absolue» et, à ce rythme, pour peu que sa croissance recule encore sous l’effet du fléchissement de ses exportations, la Chine pourrait être bientôt contrainte de brader ses bonds du Trésor américains pour mettre de l’huile dans ses rouages intérieurs.
Ce serait, alors, le début d’un cataclysme financ