«Cela fait maintenant trois semaines que j’ai appris la terrible nouvelle : Aziz Samandari, mon cousin qui habite Téhéran, a été arrêté par les agents des services de renseignements. A ce jour, aucun chef d’accusation n’a été retenu contre lui et ses droits les plus élémentaires ont été bafoués : ni droit de visite ni accès à un avocat.
J’éclate en sanglots en lisant le court message envoyé par son épouse. Je ne peux m’empêcher de penser à mon grand-père, le professeur Manuchehr Hakim, médecin, chevalier de la Légion d’honneur de la République française, assassiné à Téhéran en janvier 1981. J’avais 2 ans, j’habitais alors en Suisse.
Je pense aussi immédiatement à Bahman Samandari, mon oncle - le père d’Aziz - exécuté par les autorités iraniennes en mars 1992 à Téhéran ; un jour après avoir été «invité» à se présenter auprès des services de renseignements. J’avais 13 ans. Je me souviens très bien du jour où mon père m’apprit la terrible nouvelle à Paris.
Pourquoi les membres de ma famille sont-ils ainsi ciblés ? Quels crimes ont-ils commis ? La réponse est d'une simplicité déconcertante : ils sont tous membres de la communauté bahaïe, la plus grande minorité religieuse d'Iran, cible de persécutions intenses depuis la naissance de leur foi au milieu du XIXe siècle. Avec l'avènement de la République islamique en 1979, ces persécutions ont pris une nouvelle ampleur, devenant la politique officielle du gouvernement. Depuis, plus de 200 bahaïs ont été arbitrairement exécut