Menu
Libération
grand angle

Arabes israéliens ou Palestiniens d'Israël?

Article réservé aux abonnés
Ils sont 20% de la population et se considèrent comme des citoyens de seconde zone. L'intervention à Gaza a encore élargi le fossé qui les sépare de la majorité juive.
publié le 6 février 2009 à 6h52
(mis à jour le 6 février 2009 à 6h52)

C’est Tel-Aviv et ce n’est pas Tel-Aviv. Sur la colline de Jaffa, on surplombe la plage et les gratte-ciel de la ville. Jaffa était là bien avant Tel-Aviv - dont on fête les 100 ans. Port de Jérusalem, cité antique prise par les envahisseurs successifs, brûlée par les Croisés, détruite par Napoléon… Jaffa s’est vidée de ses habitants arabes en 1948, à la création de l’Etat d’Israël. Encouragés à partir par les deux camps, les Arabes et les Juifs, ils s’enfuirent en emportant la clé de leur maison, pensant revenir quelques semaines plus tard. Soixante ans après, ils sont dispersés à Gaza, au Liban ou en Jordanie ; souvent, encore, dans des camps de réfugiés. Quelques milliers des 120 000 habitants de l’époque sont restés à Jaffa. Ils sont aujourd’hui 20 000 «Arabes israéliens» dans ce qui est maintenant un quartier de la métropole de Tel-Aviv.

«Ne dites plus "Arabes israéliens" ! - Alors "Israéliens arabes "? - Non, nous sommes des Palestiniens vivant en Israël.» Ils sont Israéliens par leur passeport et leur citoyenneté, tout en ne l'étant pas, puisqu'ils ne font pas le sacro-saint service militaire. Ici, on vit dans une ville mixte où Arabes et Juifs vont à l'université de Tel-Aviv, travaillent côte à côte dans les bureaux, commercent, sortent ensemble, se promènent sur la même plage. Et pourtant… L'attaque de l'armée israélienne contre Gaza a rouvert les cicatrices, élargi les failles entre les deux communautés qui cohabitaient plutôt paisiblement