La rue est populeuse, longée d'arcades. Entre deux échoppes, une petite porte supporte l'enseigne branlante et depuis longtemps éteinte de l'hôtel Al-Madina. C'est au dernier étage de ce bâtiment décrépit que serait mort, en 1992, Tarek Hussein Farid. Avant d'être emporté à 78 ans par un cancer, le docteur Tarek y menait une vie calme, rythmée par ses prières quotidiennes à la mosquée et ses thés sirotés au café Groppi, vieille institution du centre-ville cairote. Mercredi, la télévision allemande ZDF et le New York Times (NYT) ont révélé, au terme d'une enquête commune, que derrière le vieil homme sans histoires se cachait Aribert Heim, l'un des criminels nazis les plus recherchés. Médecin au camp de Mauthausen, il s'était livré aux expériences les plus cruelles, torturant et disséquant notamment les prisonniers sans anesthésie. Selon le NYT, Heim aurait fui l'Allemagne en 1962, alors que la police était sur le point de l'arrêter, avant de trouver refuge en Egypte quelques années plus tard. Un exil facilité par la présence sur place de nombreux nazis, accueillis sur les rives du Nil après la chute du Reich.
Aubaine.Converti à l'islam, comme la plupart de ses pairs réfugiés là-bas, Heim s'était fondu dans la masse. Une filière à l'efficacité depuis longtemps éprouvée. Selon l'historien et politologue Tewfiq Aclimandos, le roi Farouk a été le premier à faire appel aux experts nazis pour réorganiser son armée. «Par la suite, après le coup