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Libération
Reportage

A Madagascar, «la fusillade a duré environ trois minutes»

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Carnage samedi lorsque la police a tiré contre des opposants au président Ravalomanana, faisant au moins 28 morts.
publié le 9 février 2009 à 6h51
(mis à jour le 9 février 2009 à 6h51)

Ils sont là, couchés dans des cercueils en bois, drapés de blanc à l'exception du visage. Exposés tels des preuves à charge contre le président malgache, Marc Ravalomanana. Autour de leur dépouille résonnent des prières et des chants entonnés par des milliers de communiants venus montrer leur solidarité envers ceux que les partisans d'Andry Rajoelina nomment «les martyrs de la transition».Rajoelina, leader de l'insurrection et maire de la capitale, Antananarivo, et Albert Zafy, ex-président de la République, se sont retrouvés hier après-midi à une veillée mortuaire autour des corps des victimes de la veille, dans le gymnase Kianja Mitafo de Mahamasina. Tous paraissent sonnés. «Comment expliquer ce qui s'est passé samedi ?» s'interroge Hery, une jeune partisane de Rajoelina. «Est-ce que c'est ça la démocratie ? Est-ce que ce Président est digne de l'être ? Qu'est-ce qu'il a fait ? C'est un peuple sans arme et on l'abat comme des volailles !» s'emporte Willy, qui a perdu un cousin samedi. Après le carnage qui a fait selon le dernier bilan officiel 28 morts et plus de 200 blessés, la capitale a vécu, hier, au ralenti. Les rues étaient désertes et aucun incident n'a été enregistré. Mais le jeune maire de la capitale a promis de «continuer la lutte».

«Zone rouge». La veille, il était 14 h 45 lorsque les premières balles ont fusé. Depuis près d'une heure, les manifestants faisaient face aux forces de l'ordre postées devant le pal