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Libération
TRIBUNE

Kouchner, ni le premier ni le dernier

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publié le 9 février 2009 à 6h52
(mis à jour le 9 février 2009 à 6h52)

Tu quoque, Bernard Kouchner. S'il constitue un cas particulier du fait de sa stature morale, l'actuel ministre des Affaires étrangères n'est ni la première, ni la dernière des personnalités françaises à avoir cédé aux sirènes de l'Afrique. Dans l'ex-empire, loin de Paris et à l'abri des regards, tout est permis. Ou presque. La Françafrique, cet entrelac de relations tout à la fois affectives, politiques et financières a des atours que la morale ignore.

Dans ces ex-colonies qui ont raté leur décollage économique, régressant même pour nombre d’entre elles, mais qui payent grassement et souvent naïvement les «experts» français, il y a de la place pour tout le monde. Avocats peu scrupuleux, communicants toujours bronzés, journalistes cupides, anciens officiers reconvertis en conseillers militaires se bousculent au Togo, en Centrafrique, en Côte-d’Ivoire ou au Sénégal. Sans oublier le Gabon d’Omar Bongo, sans doute le dirigeant le plus emblématique et caricatural de cette Françafrique anachronique.

Propulsé en 1967 à la tête du Gabon par la France de de Gaulle, le «doyen» des chefs d’Etat du continent n’a pas son pareil pour s’assurer de fidèles soutiens dans l’Hexagone. Lorsqu’il débarque - plusieurs fois par an - à Paris, la moitié du gouvernement français, qu’il soit de gauche ou de droite, défile dans sa suite. Quand Nicolas Sarkozy a été élu à l’Élysée, le premier à le féliciter de vive voix fut l’inévitable Bongo. Depuis des lustres, le président gabonais est soupçon