Comment les Tigres tamouls, il y a peu encore réputés comme la guérilla la plus efficace du monde, ont-ils été repoussés dans leurs retranchements aussi rapidement ? Si la désertion du colonel Karuna a joué un rôle déterminant dans les victoires militaires enregistrées depuis deux ans par l'armée, d'autres facteurs expliquent ce revirement. L'arrivée à la présidence, en 2005, du faucon Mahinda Rajapakse a changé la donne politique. «Pour la première fois de notre histoire, nous avons un président qui n'a pas hésité à donner les pleins pouvoirs à l'armée sur le plan militaire», résume Kalyananda Godage, ancien ambassadeur aujourd'hui à la retraite.
Le chef de l'Etat a placé son frère, le militaire de carrière Gothabaya Rajapakse, au ministère de la Défense, en lui laissant les mains libres pour gérer l'offensive. «Sous les gouvernements précédents, quand l'armée nous attaquait, les autorités continuaient à nous parler en coulisses», précise aujourd'hui l'ancien Tigre, le colonel Karuna. Ce qui ne semble plus d'actualité. «Gothabaya Rajapakse a à ses côtés un militaire capable de mettre en place sa stratégie en la personne du général Fonseka [chef de l'armée, ndlr].» Les deux hommes ont combattu côte à côte par le passé et tous deux ont failli mourir lors d'attentats-suicides : le duo est animé d'une volonté de fer d'écraser les LTTE. «Nous avons aussi appris de nos erreurs et changé nos tactiques de combat, notamment en multipliant les p