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Clandestins : la Ligue du Nord prescrit la délation aux médecins

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Italie. Les praticiens et le monde chrétien choqués par cette loi déjà votée par le Sénat.
par Eric Jozsef, Rome, de notre correspondant
publié le 13 février 2009 à 6h51
(mis à jour le 13 février 2009 à 6h51)

«Nous ne sommes pas des mouchards» : indignés, les médecins et infirmiers italiens lancent l'alarme. Le grand hebdomadaire catholique Famiglia Cristiana va jusqu'à parler de «lois raciales». La décision du gouvernement Berlusconi d'abolir l'interdiction pour le corps médical de dénoncer les clandestins provoque une vive indignation parmi les praticiens. La mesure n'a pour l'heure été votée que par le Sénat, le 4 février. Fortement voulue par le parti xénophobe de la Ligue du Nord (LDN), elle doit être approuvée par la Chambre des députés dans le cadre d'un projet de loi sur la sécurité qui introduit aussi le délit de clandestinité, un registre pour les SDF ou encore la légalisation des «rondes padanes», sortes de milices populaires non armées. Mais en quelques jours, la peur d'être dénoncé a entraîné une sensible diminution de nombre de patients étrangers dans les hôpitaux.

«Vendredi dernier, quand la presse et la télévision ont mis en circulation la rumeur que les médecins devront dénoncer les clandestins, pour la première fois depuis quinze ans, la salle d'attente est restée vide», a raconté Corrado Ferro, responsable d'un dispensaire turinois spécialisé dans l'accueil sanitaire des immigrés. «Nous sommes extrêmement préoccupés, commente Andrea Pontiroli de Médecins sans frontières (MSF), à l'origine de la mobilisation contre l'amendement. Au-delà de la fondamentale question de principes, les clandestins malades vont