Une fois de plus, les Indiens de Colombie sont plongés dans une «guerre qui ne leur appartient pas». La semaine dernière, au moins huit membres de l'ethnie awá, qui vit dans le sud-ouest du pays, ont été enlevés, torturés puis tués «à l'arme blanche» par la guérilla marxiste des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc), selon les autorités indiennes. Neuf autres Indiens, séquestrés au même moment, n'ont toujours pas réapparu. «Si les Farc retiennent des personnes, qu'elles les relâchent immédiatement», exigeait dans un communiqué l'Organisation nationale des Indiens de Colombie (Onic), mercredi.Au même moment, 10 autres Awás, qui fuyaient les lieux du premier massacre, étaient à leur tour assassinés.
Base de sortie. Il a fallu une semaine à l'Onic pour obtenir des détails de la tuerie, survenue dans une des régions les plus isolées du pays. La réserve de Tortugaña Telembí se trouve dans le Nariño, département frontalier avec l'Equateur, catalogué par l'ONU comme parmi «les plus touchés par la violence et les déplacements forcés» de population - dans un pays qui compte presque 3 millions de réfugiés internes. Sa côte sur l'océan Pacifique et sa végétation dense, trouée d'un réseau d'affluents, en ont fait une base de sortie des chargements de cocaïne. Outre les Farc et une autre guérilla d'extrême gauche - l'Armée de libération nationale (ELN) -, des milices paramilitaires s'y disputent le négoce. L'armée, mouillée