Jessica Van Reeth n'a pas eu de chance. Comme des centaines d'autres adolescents du comté de Luzerne, une région minière relativement pauvre de Pennsylvanie, elle a été emprisonnée pour une peccadille par deux juges pour enfants corrompus. Ils recevaient des centaines de milliers de dollars de pots-de-vin, versés par les propriétaires de deux centres de détention privés, empressés de remplir leurs établissements. Âgée de 16 ans, Jessica est surprise en octobre 2006 par un surveillant de son école, Crestwood high school, en possession d'une pipe et d'un briquet. Dénoncée à la police pour «détention de matériel pouvant servir à se droguer», elle comparait deux mois plus tard devant un officier qui promet à Jessica - bonne élève et non-récidiviste - de recommander au juge de passer l'éponge. La comparution devant ce dernier, Mark Ciavarella, a lieu le mois suivant. «J'y suis allée avec mon père. Le juge ne nous a pas dit que nous pouvions être représentés par un avocat. Il m'a dit : "Est-ce que tu te souviens du discours que j'ai prononcé à ton école ? J'avais promis que j'enverrais en détention tout élève qui comparaîtrait devant moi, et c'est bien mon intention dans ton cas"», raconte la jeune fille.
Menottée. En dépit d'une analyse d'urine démontrant que Jessica n'avait pas fait usage de drogue, elle est menottée sur le champ par un shérif et envoyée dans un camp de redressement pour délinquants, où elle passera trois mois. «Je n'ai même