Sur le point de braquer sa cinquième banque, l’homme a été pris en flagrant délit. C’était vendredi, devant une petite agence bancaire d’Asco, dans le sud de la Catalogne : une unité policière immobilise le braqueur et lui passe les menottes. Il est armé d’un revolver et d’un couteau, porte un passe-montagne noir, des lunettes de soleil et arbore l’uniforme d’un technicien. C’est en apparence un parfait «pro» qui depuis début septembre a dévalisé quatre autres agences, emportant un butin de 80 000 euros.
Ausencio Calleja, 52 ans, n'a pourtant rien du délinquant type. Un homme marié paisible, père de trois enfants, sans casier judiciaire. «Un type au-dessus de tout soupçon», témoignent ses voisins d'un quartier aisé de Lérida, une des principales villes de Catalogne. Mais aussi, même si l'intéressé tentait de le dissimuler, un entrepreneur ruiné. Au moment de son interpellation, c'est d'ailleurs le motif qu'il a invoqué : «J'ai commencé à voler à cause de la situation de ma société, au bord du gouffre financier.»
Routine. Ausencio Calleja dirige Casa 24 Horas, une entreprise de taille moyenne spécialisée dans la réhabilitation d'appartements. Comme des centaines d'autres PME du secteur, il a connu une dizaine d'années flamboyantes, croulant sous la demande de chantiers. Jusqu'à la dégringolade immobilière, début 2008, accentuée par la crise financière. L'engrenage infernal s'enclenche : le volume des impayés explose, les liquidités s'estompent