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Libération
Reportage

Ciudad Juárez : ville morte

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Meurtres par centaines, trafics de drogue, règlements de compte, menaces et extorsions : tel est le quotidien de la ville la plus violente du Mexique.
publié le 24 février 2009 à 6h51
(mis à jour le 24 février 2009 à 6h51)

«Interdit de jeter des déchets ou des cadavres» : c'est l'affiche placée en vitrine par un commerçant de Ciudad Juárez, lassé de ramasser sur le pas de sa porte les dépouilles de victimes assassinées par les narcotrafiquants. «Cette anecdote paraît délirante, mais elle est véridique», raconte un journaliste originaire de cette ville du nord du Mexique qui détient le macabre record national d'assassinats liés au crime organisé. En 2008, plus de 5 700 personnes ont perdu la vie dans le pays lors d'affrontements entre criminels ou avec les forces de l'ordre, et de règlements de compte. Près d'une exécution sur quatre a eu lieu à Ciudad Juárez. «Dont celle de ce commerçant, poursuit le journaliste. Il a été abattu peu après avoir placé sa pancarte.»

L’année 2009 a débuté dans la même veine meurtrière : déjà plus de 1 000 personnes tuées dans le pays, dont la moitié dans l’Etat de Chihuahua, où se trouve Ciudad Juárez. Pôle économique du Nord, logée sur la frontière avec les Etats-Unis, cette ville d’1,3 million d’habitants est une fourmilière d’organisations criminelles, qui tirent les ficelles du trafic de drogue, sapent l’autorité et ensanglantent le territoire qu’elles se disputent.

Narcomessages. Vendredi, le chef de la police municipale, Roberto Orduña, se voyait forcé de démissionner suite à un chantage des cartels. Deux jours plus tôt, plusieurs narcomessages - des menaces portant la marque du crime organisé - avaient été