Depuis les émeutes qui ont fait plus de 110 morts fin janvier dans la Grande Ile, l'immeuble est gardé par une escouade de gendarmes et d'agents de sécurité. Nous sommes à Ivandry, dans le quartier d'affaires d'Antananarivo. Au deuxième étage du bâtiment, flambant neuf, une plaque signale toujours le siège de Madagascar Future Entreprise. Mais les bureaux sont déserts. Les dirigeants de cette filiale du groupe sud-coréen Daewoo sont partis comme des voleurs. «Ils ont quitté les lieux du jour au lendemain et ne nous ont pas donné de nouvelle adresse», explique l'hôtesse d'accueil. Pas de numéro où les joindre non plus, reconnaît, penaud, un de ses supérieurs. Le nom de la société vient d'ailleurs d'être effacé de l'entrée de l'immeuble.
L'«affaire Daewoo» a été l'un des détonateurs de l'insurrection lancée par le jeune maire d'Antananarivo, Andry Rajoelina, contre le président Marc Ravalomanana. Pour la population, ce vaste projet agricole résume la politique affairiste d'un chef de l'Etat accusé de «vendre le pays aux étrangers». Avant novembre 2008, personne ou presque à Madagascar n'avait entendu parler de Daewoo Logistics. Cette société de transports et d'import-export s'est lancée sur un nouveau créneau porteur : la gestion de grands projets de développement de ressources naturelles, dont l'huile de palme et le maïs. L'idée est simple : cultiver dans un pays riche en terres mais pauvre en devises les produits dont ont besoin les habitan